Au Maroc, l’agriculture a toujours été un secteur stratégique pour le développement socio-économique du pays. Depuis l’indépendance, ce secteur a connu de nombreux programmes de développement et des réformes structurelles pour permettre au pays d’assurer sa sécurité alimentaire et de contribuer à la croissance économique. C’est dans ce sens que la nouvelle stratégie dénommée Plan Maroc Vert (PMV) a été élaborée pour faire de l’agriculture le principal moteur de croissance de l’économie nationale dans les 10 à 15 prochaines années. Les études du GIEC montrent aussi que le Maroc est particulièrement vulnérable au changement climatique à cause du progrès technologique modeste réalisé en agriculture, du poids de ce secteur comme source de revenus (15 à 20% du PIB) et d’emplois (40 %) et du faible usage d’instruments de gestion du risque de sécheresse. Pour pallier à ces faiblesses, l’ADA-MAPM, avec un financement du FEM et de la banque mondiale a lancé et piloté des études d’intégration des mesures d’adaptation au changement climatique dans la mise en œuvre du PMV. Bien que les intervenants du secteur agricole aient pu élaborer des solutions et des mesures d’adaptation au changement climatique, l’agriculture marocaine représente une source d’émission de gaz à effet de serre. D’ou la nécessité de continuer les investigations afin d’assurer la sécurité alimentaire du pays, la santé de son environnement et l’innovation axée sur la croissance.
L’objectif général du projet est la mise en place d’un observatoire sur la gestion conservatoire des ressources eaux et sols (GCES) dans la Région Nord du Maroc. Le projet mettra en œuvre une démarche de compréhension et d’analyses des processus de dégradation des sols et d’évaluation de l’efficacité des techniques de GCES dans un contexte du changement climatique. Le secteur agricole, principal levier de développement, étant assujetti aux aléas climatiques, le projet éclairera le choix de mesures d’adaptation au changement climatique innovantes en matière de gestion de l’eau (collecte des eaux pluviales), des sols (couverture et travail des sols) et des cultures. Le potentiel productif de la région sera amélioré par l’initiation de nouvelles cultures adaptées de légumineuses, plantes aromatiques et médicinales (PAM) et agroforestières. L’intégration d’informations climatiques dans la planification du secteur agricole permettrait de mieux gérer les risques, de saisir les opportunités qui se présentent et d’améliorer la gestion agroenvironnementale à l’échelle de la Région Nord.
Pour atteindre cet objectif, la prise de décision dans le secteur agricole a besoin d’un système d’informations spatialisées (SIG-Nord) adaptées sur le climat, les ressources naturelles (eau, sol) et leur gestion pour mieux comprendre et prévenir les impacts du climat actuel et futur sur les cultures (développement, productivité, rentabilité) pour une meilleure adaptation. Les meilleures approches et technologies de gestion des ressources par zone agroécologique seront renseignées et constitueront un référentiel technique agro-économique d’interventions. Ceci constituera la mission essentielle de l’observatoire des ressources naturelles dans la Région Nord «ORN-Nord ».
L’équipe nationale qui s’engage à réaliser ce projet regroupe des enseignants et des chercheurs de plusieurs disciplines et institutions. Leur point commun est la compréhension des processus d’érosion à différentes échelles et la gestion durable et intégrée des ressources en eau et en sol au Maroc. Fortement ancrée dans l’enseignement et la recherche, l’équipe formera des étudiants par leur implication dans les différentes étapes de réalisation de ce projet.
Un partenariat avec des équipes internationales de chercheurs (Université McGill et Consortium Ouranos) permettra à l’équipe nationale de profiter de leur expérience et d’assurer un transfert de technologie et surtout former une révélée scientifique marocaine.
Un partenariat avec les opérateurs professionnels régionaux et locaux (Région, DRA, ONCA, ABHL) permettra, d’une part, de faire durer et développer l’observatoire ORN-Nord et, d’autres part, d’assurer le transfert des résultats pratiques obtenus en termes d’adaptation au CC, d’amélioration de la productivité des terres, d’innovations technologiques culturales et gestion durable des ressources hydriques et sols auprès des bénéficiaires.